Mot sur l’artiste et son exposition:
Nanterre n’est pas juste un point d’ancrage, c’est une peau, un langage, une respiration. C’est ici que Mesh a d’abord observé, absorbé, avant de prendre la parole. D’abord à la bombe, avec l’urgence de dire, de marquer. Un trait, une ligne, un nom. Le graffiti n’était pas un choix, c’était un cri. L’instinct brut, la matière en fusion. Il fallait que ça sorte, que ça vive sur les murs. Chaque lettrage était une pulsation, une empreinte laissée dans le bitume. Mais très vite, il y avait autre chose. Une tension. L’envie d’organiser le chaos, de le rendre plus fort encore.
Alors il cherche, il creuse. Il dissèque la typographie, explore le graphisme. Il veut comprendre les règles pour mieux les exploser. Trouver cet équilibre entre la rigueur d’une composition et l’énergie brute d’un trait libre. Il passe par l’école, par les outils du design, mais il ne s’y enferme jamais. Il apprend, il détourne. Son travail devient un dialogue entre discipline et instinct. Une conversation entre structure et débordement.
Sur ses fresques, les lettres ne sont jamais sages. Elles dansent, elles percutent, elles existent dans la tension. Il joue avec la couleur comme avec le rythme, il fait vibrer la forme jusqu’à ce qu’elle trouve sa place. Pas une place évidente. Pas une place prévue. Une place qui s’impose. Il a peint pour le Secours Populaire, pour Nanterre 92, pour des festivals et des lieux qui ont du sens. Chaque mur qu’il investit devient un battement, une histoire qui continue après lui.
L’exposition qui arrive, ce n’est pas une rétrospective. Ce n’est pas un simple accrochage. C’est une immersion dans cette quête permanente. Celle du mouvement figé, du chaos maîtrisé, de l’impact qui laisse une trace. Ici, les lettres respirent. Elles frappent, elles s’étendent, elles débordent. Parce que Mesh ne cherche pas seulement à montrer. Il cherche à faire sentir. À faire résonner. À faire exister.